mardi 8 septembre 2009

la découverte de la vie quotidienne

Me revoilà, après une journée de boulot particulièrement éprouvante, à me tourner et retourner la tête sur le projet d'un événement pour l'Officiel en partenariat avec une marque de sacs qui ne veut ni offrir des cadeaux, ni faire des réductions spéciales aux invités...il faut donc trouver comment rendre QUAND MEME heureux les invités...J'ai plusieurs idées mais c'est du boulot surtout pour présenter "joliement" mes idées à l'ordinateur...et dire que j'avais l'impression d'avoir un don à l'autoformation! ;)

Trève de travail, aujourd'hui je voudrais vous parler de choses plus anodines, plus inconscientes aussi, qui commencent à constituer mon quotidien ici.
Les odeurs par exemple. L'odeur de l'encens commence à devenir naturelle pour moi. En effet, c'est le parfum des rues en ce moment.
Oui, parce que c'est la fête taoiste des "hungry ghosts" (oui, oui, les fantômes affamés) actuellement. Et c'est tout sauf une métaphore pour eux.
La tradition veut que les morts qui n'ont pas de quoi survivre dans l'au-delà reviennent hanter leurs descendants afin de se nourrir de l'énergie suscitée par la peur qu'ils génèrent. Les Taoistes se débarassent de ces fantômes en organisant des rituels familiaux où se mêlent chants
et prières au bas de leur immeuble et lors desquels de la nourriture est déposée en guise d'offrande.

Mais surtout, ils font brûler du papier avec de l'encens (d'où l'odeur), papier qui souvent se trouve être des faux billets (oui,oui, de banque) qui symbolisent l'argent offert aux fantômes. Ce dernier apparaît comme l'offrande la plus fondamentale. Et même, (témoignage d'une amie singapourienne), ils construisent des petites maisons en papier avec ces faux billets qui symbolisent l'offrande d'une habitation au fantôme. Ainsi, les fantômes, ayant tout ce qu'il leur est nécessaire pour survivre, s'en retournent dans l'au-delà...
C'est une tradition très développée ici, et, autour de mon immeuble, des dizaines de petits temples temporaires sont ici créés (ça, par exemple, c'est en bas de chez moi!).

Cette tradition m'a fait réfléchir sur le rapport -assez particulier- que les singapouriens ont avec l'argent. L'argent est considéré comme essentiel à la survie. Il conditionne même celle-ci. Pour survivre, il faut de l'argent. Et ceci se connecte avec la notion de succès archi-prédominante à Singapour. Pour survivre, il faut du succès, et donc de l'argent. L'aspect matériel des choses fait leur valeur première.

Ca rejoint aussi un élément qui m'avait choqué au premier abord: Partout, dans tous les concours, le rix est systématiquement donné. C'est le cas aussi pour nos offres promotionnelles à l'Officiel. Un cadeau avec un
abonnement? Un produit à gagner? Toujours, toujours mettre le prix à la suite. "Win a XX product worths $...". La valeur est plus importante que l'objet.

C'est assez triste mais c'est ainsi, et c'est aussi pour ça que Singapour ne s'est jamais fait avoir, a été plus malin que tout le monde et est devenu ce qu'il est aujourd'hui. Ca a aussi ces bons côtés...quelquepart.

Mais dans ce pays dominé par l'argent, les traditions persistent, les gens restent incroyablement simples, et c'est souvent vraiment touchant.

Tous les matins, je passe devant une petite maison de retraite en bas de chez moi, où les petits vieux sont tous sur des chaises roulantes et jouent à des jeux dans la grande salle; puis,en descendant de mon bus, je traverse le food-center en bas du bureau et passe toujours devant la même table où le même monsieur me dit "hello ma'am"; puis lorsque je redescends de mon bus au retour, je passe toujours devant le même épicier d'en bas de chez moi qui, assit sur son petit banc, les jambes repliés sur le côté, observe les gens qui passent et repassent...j'ai décidé qu'un jour je le prendrai en photo.

Les gens des alentours commencent à me reconnaître, c'est comme ça que commence le quotidien, non ?

Je vous embrasse.

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