mercredi 11 novembre 2009

Ou l'art de devenir puissant.



La semaine dernière, expo au National Museum: "Singapore - a biography".

Un moment très agréable, car je découvre un paradis caché en plein milieu du brouhaha du samedi après-midi du quartier de Dobby Ghaut: un batiment de l'époque coloniale, qui, dès le pas de la porte, dégage une vraie plénitude. A l'intérieur, peu de monde, des initiés surtout. Me voilà sortie un temps de Singapour, pour rentrer dans un univers suspendu au temps.

"Singapore- a biography", c'est comme une séance de cinéma en 4 dimensions. Mes écouteurs sur les oreilles, je rentre dans un film qui me projete dans toute l'histoire de Singapour.

Voila, en notes, ce qui m'a touchée:

Au 14eme siècle, Temasek (la ville de la mer en javanais)...
...est baptisée Singapura par un prince du sud de l'Indonésie....
...l'arrivee de Sir Thomas Raffles en 1819, un britannique qui en prend le contrôle pour faire face à la domination commerciale des Néerlandais dans la région...
...une colonie anglaise de 1867...à 1965.

J'apprends l'existence, ici aussi, d'un traumatisme de la Seconde Guerre Mondiale: "les années noires de Singapour" de 1942 a 1945 avec l'occupation japonaise, les tortures subites.

En 1959, Lee Kwan Yew devient Premier ministre, c'est-à-dire le premier Premier ministre de Singapour, amorçant le processus de décolonisation britannique.

J'apprends ici aussi l'incroyable influence du communisme sur la population, l'apparition de leaders jeunes et vigoureux qui veulent changer le monde et la concretisation d'une nouvelle ere pour un peuple plein d'espoir avec la creation du PAP, the People's Action Party...toujours au pouvoir aujourd'hui, mais qui s'est écarté du communisme par lequel il s'était à l'origine affirmé.
Même si cette question de l'héritage communiste est fascinante, car en réalité, cet héritage est très riche dans la vie de tous les jours...J'en parlerai une autre fois.

La constitution d'une identité...
...Quelle identité, au fait?

Une société qui s'émancipe progressivemment de ses origines asiatiques avec les années 60, la révolution de la femme, le Rock and Roll...Ca peut paraitre sidérant, mais ça aussi, les Singapouriens l'ont connu!


Une urbanisation croissante: d'un port de pêcheurs, on passe à une ville qui défie le temps et l'histoire. Le déplacement de la population des villages dans les premiers HDB, le dépaysement et les efforts impliqués par le fait de vivre pour la premiere fois dans un appartement, la découverte de nouvelles relations (on ne connait pas forcément ses voisins...)...

Mais en même temps, une société qui est profondément angoissée par l'éventualité d'une indépendance; un gouvernement qui veut le rattachement du pays à la Fédération de Malaisie pour (c'est une version mais il y en a beaucoup a Singap...) se protéger de l'entourage musulman en cas de guerre, et se rallier a l'Asie...rattachement effectif en 1963.

Cependant, en 1964, des conflits éclatent entre le PAP (Singapour) et the Alliance Party of Malaysia. La Malaisie veut mettre fin a la fusion du fait (marrant, mon equipe ne savait pas ca...) d'un déséquilibre démographique que causait le nombre de chinois venant de Singapour par rapport au nombre de malais...Ma coloc aurait entendu que le Premier Ministre a alors pleuré pour la premiere fois (et la derniere d'ailleurs) à la tv devant des millions de spectateurs...
Ce qui est troublant, c'est que lorsque j'ai demandé à mon équipe elle m'a répondu que Lee Kwan Yew voulait l'indépendance et qu'il apparait aux yeux des Singapouriens comme la figure la plus importante de l'Histoire de Singapour, qu'il a révolutionné le pays...et ça, je suis sûre que c'est vrai. Peut-etre a t'il été hyper-pragmatique et a changé d'avis dès le refus de la Malaisie...

Je ne sais pas si ce refus a entrainé un déclic dans la pensée des singapouriens, mais ce qui est sur, c'est qu'une fois l'indépendance proclamée, Singapour savait qu'elle serait aurait un destin à part, et que plus rien ne serait comme avant.

Même si les liens avec la Malaisie sont ambigus un temps, les ambitions des pays sont, dès l'origine, différentes, et c'est particulièrement explicite avec la création d'une compagnie aérienne singapourienne indépendante. En effet, tandis que la Malaisie vise avant tout la distribution de vols locaux (il ne faut pas oublier l'immense taille du pays), Singapour, minuscule territoire, ne rêve que d'une chose: conquérir le monde, en se tournant vers l'exterieur. Les jeux étaient faits.


La question est que serait devenu Singapour si elle était restée rattachée a la Malaisie...? Et bien, je suis prête à parier qu'on aurait revu le premier ministre pleurer à la tv.

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